Le grand débat de 2003-4...

15/12/03:Dans le droit fil du nième débat national, et face aux IUFM et à leur organisation, leurs méthodes totalitaires, quelques actions se dessinent (pétitions et documents): allez voir le site "pédagogo". Se méfier, en effet, des modes de discussion déjà vus et revus depuis 15 ans, et que parfois le "grand débat sur l'éducation semble reproduire :

Le "grand débat" , de fait, semble parfois, localement, assez squatté par les spécialistes "ès sciences du pédagogisme": le fascicule distribué partout "Ouvrir le débat national sur l'avenir de l'école", que j'ai reçu pour ma part dans la maternelle de mes enfants, mais pas dans mon établissement, me paraît, dans ses questions, encore fortement marqué par les problématiques que nous avions subies sous Jospin ministre dans des fascicules en papier glacé "Quel enseignement pour demain", "consultation nationale", publiés par la "direction de l'Information et de la Communication" du Ministère en 1989. On y retrouve le goût des questions suggérées et même divisées en "questions possibles", de même, qu' à l'époque, le questionnaire , après la page de garde ("Une réflexion en profondeur sur les contenus de l'enseignement et les programmes est aujourd'hui indispensable, loi d'orientation du 10/07/1989"), puis la page1 (citation du ministre de l'époque : "L'évolution de notre système éducatif ne se décrète pas mais se construit. Pour la construire nous devons réunir toutes les volontés autour d'une action cohérente", Lionel Jospin, discours à l'assemblée nationale du 7 juin 1989), bref, ce questionnaire invitait aussitôt dans la même page à se référer au fascicule adjacent (on serait tenté de dire: le "livre du maître"): les "Principes pour une réflexion sur les contenus de l'enseignement" (commission présidée par Pierre Bourdieu et François Gros). En somme, on nous avait distribué les questions et les réponses - et annoncé une synthèse générale pour 1990, que nous n'avons jamais vue.Et pour cause, puisque bon nombre de gens étaient sortis des cadres des questions pour s'exprimer en refusant de calquer leurs réponses sur les modèles fournis. Du reste, peu de gens avaient répondu dans un tel cadre, qui décourageait d'avance.Ce qu'on nous en a dit ensuite était plutôt que, pour plagier une formule connue, "100% des gens favorables avaient rempli le questionnaire"...

Que de récidives n'avons-nous pas subies des mêmes services (par exemple, "Propositions pour la rénovation pédagogique du lycée" en mai 1991) . Que de convocations à des réunions de pseudo-discussions autour des nouveaux programmes qu'il s'agissait simplement d'avaliser après lecture par un inspecteur, puis, répartition en commissions, "mise en commun", synthèse par un rapporteur et finalement réédition à l'identique du même texte! (on reconnaît bien là ce que nous décrivent encore bien des victimes récentes de l'IUFM, voir le livre de R. Boutonnet.)

En l'occurrence, le débat actuel, dans ma commune, devait, sur 22 questions, n'en évoquer que trois (2,12,et 18). Qui avait choisi? Mystère. Que devenaient les autres? ... Depuis, dans mon établissement (privé catholique, ce qui, bien au contraire, ne met pas à l'abri des officines pédagogistes), un débat s'annonce, sur... deux des questions!(et après la fin officielle du "grand débat", mais en son nom...).Qu'en penser? Sinon que les spécialistes s'activent pour poser leurs questions...

Au fond, s'il existe des problèmes dans l'Education Nationale, est-ce à l'Education Nationale de nous dicter les questions ? Ne pourrait-on pour une fois attendre que des gens disent que ceci marche, et cela non? Que ceci leur paraît absurde et dangereux, et que cela leur convient? Que des profs puissent dire que ne pas suivre certains programmes aberrants est parfois leur seul moyen de faire progresser les élèves, que des parents puissent regretter que les textes officiels semblent obstinément être rédigés de façon à ce qu'ils n'y comprennent rien , voire même regretter le temps où on les a laissés apprendre quelque chose sans trouver cela anormal, sans suggérer que seul normal est l'ennui à l'école dès lors qu'on y apprend quelque chose au lieu de s'y former à des savoir-faire, des savoir-être, en fonction de prérequis, de référentiels bondissants et autres fariboles? Quand aura-t-on le droit de parler avec son bon sens, sans devoir devenir à son tour, pour être écouté,un spécialiste du jargon afin d'oser mériter le droit de s'attaquer à nos Trissotins tout puissants? Sans mériter ce droit par une appartenance syndicale ou politique, alors qu'on prétend nous faire une fois de plus participer à un grand débat national?

J'allais dire pour finir : quand mettra-t-on enfin au boulot, sur le terrain, tous ceux qui nous" évaluent", font de la "prospective", et quand , dans les mêmes conditions que nous , auront-ils à faire la preuve concrète du succès de leurs théories? Quand nous foutront ils la paix avec leurs grands mots et leur verbiage? (revenir à l'index)

 

19/01/05 :Une lettre instructive du site" lire-écrire.org" : on y constate qu'après le "grand débat", et après tant d'interventions de gens qui s'inquiétaient du devenir de l'enseignement de la lecture en primaire, la synthèse du rapport "Thélot" montre les occurrences de mots suivantes: (extrait)

"Lire + lecture revient : 7 + 5 = 12 fois.
Écrire + écriture
revient : 8 + 8 = 16 fois.
Calculer + calcul + compter
revient : 0 + 3 + 4 = 7 fois.
Instruire
revient 12 fois.
Sous-total :
pour ce qui est, au moins à nos yeux, le cœur de l’enseignement , 46 occurrences.

En revanche :


Éduquer + éducation + éducatif + éducative
revient 19 + 215 + 79 + 105 = 418 occurrences "

A méditer!!! Des esprits pervers pourraient risquer d'imaginer que tout cela a été téléguidé et que les questions et réponses du public n'ont été reconnues et enregistrées qu'à condition d'être celles des maîtres actuels de la science de l'éducation ! Que signifiera la réforme Fillon et son socle de base si on prend les mêmes et si on recommence ? Lisez le texte intégral.