Texte aimablement communiqué par notre collègue"Antonin Roussel"(octobre 2000)


Pédagogie :


définition Pédagogie. n, fem. ( V. Flatus vocis)


La pédagogie est devenue une nouvelle scolastique pédantesque, consternante de stupidité et d'inanité, qui permet de pallier l'incompétence dans les disciplines et de faire vivre un certain nombre de planqués prébendiers qui sont nos précieuses ridicules et nos médicastres à chapeaux pointus. Ces nouveaux Diafoirus, qui ne sont jamais au chevet du malade (c'est à dire qui sont toujours très loin des élèves...) ont toujours le clystère dernier cri ou la saignée propitiatoire (selon les chapelles) pour sauver le patient moribond. Jocrisses suffisants et pleins d'eux-mêmes (ce sont souvent des inspecteurs de l'E.N), pionniers du Néant scolaire, ils utilisent un langage nul, creux et insipide, mais qui devient le véritable cancer des disciplines tant littéraires que scientifiques . La didactique est la monnaie de singe des temps difficiles... Il n'y a plus d'or dans les caves, mais on fait marcher la planche à billets, c'est à dire qu'on met en circulation des concepts-baudruches en veux-tu, en voilà. C'est une inflation qui évolue en flatulences et se termine en... météorismes : il suffit de penser au très sérieux référentiel bondissant qui désigne le ballon dans les instructions pédagogiques à l'usage des professeur d'EPS. Gonflé, non ?


Quant aux prétendues sciences de l'éducation, elles sont une fumisterie solennelle qui nourrit assez grassement quelques cuistres incultes et peut même leur ouvrir les portes de l'Université sur laquelle ils déversaient naguère leur bile de mauvais étudiants pseudo-révolutionnaires, ennemis jurés de la culture bourgeoise...( Dès qu' ils entendent parler culture, humanités, ou pis littérature, ces cancres arrogants sortent leur revolver. Pas question d'évoquer le mérite, le travail ou l'intelligence : ça recréerait une bourgeoisie... Le maximalisme égalitaire est une machine à broyer ubuesque, un rouleau compresseur qui ne veut pas voir une tête depasser. Malheur à la différence, malheur à l' aptitude hétérogène, malheur au talent aberrant. Triomphe de la médiocrité paresseuse qui ne se connaît plus que des droits et des dûs. Apothéose de l 'hypocrite démagogie que l'on rebaptise « démocratie ».)


Et, en effet, nos faux dévots de la cause des élèves vidangent le contenu réel des enseignements au profit de la forme du cours, qui seule devrait retenir les efforts du professeur. Comme si les fameuses séquences de l'enseignement du français, par exemple, étaient une panacée ! La vraie pédagogie n'est affaire que de psychologie, de bon sens et de réflexions sur le terrain. Elle n'est pas cette logomachie mâtinée de langue de bois et de politiquement correct qu'on voudrait nous faire ingurgiter. Elle n'est pas non plus ce stakhanovisme gesticulatoire qui s'empare de certains collègues un peu naïfs, frappés par une révélation et qui veulent, à coup de concertation, vous convertir à leur évangile. Laissons donc ces illuminés à leur danse de Saint-Guy et à leur mauvaise conscience. Ces témoins de Jéhovah-Meirieu sont sans doute intéressés à ce que le cours de français ou de mathématiques ne consiste ni en français ni en mathématiques...


Mais retournons donc les clystères contre les doctes messieurs, donneurs de leçon, qui font travailler les autres (toutes les réformes ont abouti à un accroissement insupportable de la charge de travail des enseignants, alors que ce sont les élèves qu'il faudrait mettre au travail ou les bureaucrates zélés, vendeurs d'orviétan, qui détiennent la Formule et l'elixir de longue vie pédagogique et veulent nous le faire fabriquer à leur place). Soudainement, j'entends la voix de la Raison et du Juste-Milieu qui m 'apostrophe avec componction et sans hostilité : « Vous exagérez, vous donnez dans la polémique et la caricature. Tout ce qui est excessif est insignifiant... » C'est vrai m'dame, vous avez tout compris ! Mais c'est pas moi qui ai commencé à bouffonner m'dame !

 

 

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