MODULES ET AUTRES GADGETS (Modules,usage d'internet, TPE, groupements de textes,vie de classe etc...) Et jouez avec le Meirieutron!

 

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Modules:

 

(APRÈS UNE QUESTION, SUR UN FORUM , À PROPOS DU CONTENU DE L'"AIDE INDIVIDUALISÉE"

On pouvait se demander la même chose il y a quelques années pour parler des modules, qui ont aussi -et surtout- été un moyen de commencer à nous faire marcher au pas: car, pour les faire fonctionner, on nous a dit qu'il était bon de faire l'évaluation nationale des secondes, avec questionnaire débile préétabli, ne permettant surtout que d'évaluer le suivisme (on dira bientôt la citoyenneté, gageons-le) des profs dans les nouvelles notions devenues indispensables, et non le niveau réel des élèves; bien sûr, pour utiliser ces évaluations, il fallait ensuite en saisir les résultats dans un logiciel opaque qui permettait ensuite de répartir les élèves en groupes de travail correspondant aux "compétences et savoir-faire" que des stages ad hoc permettaient de développer magiquement : bref, le système se perpétuait .

Tel élève incapable de ponctuer un texte ou d'accorder un adjectif ou un verbe, ou de conjuguer, pourra ainsi brillamment participer à la "création collective de conte"; ailleurs, une classe de seconde en difficulté sera "motivée" par l'élaboration en module d'un voyage en Italie ou ailleurs ; parfois, plus simplement, en arrivant en classe devant un enchevêtrement pyramidal de tables et de chaises, on s'entendait répondre par les élèves "M'sieu, y a eu module". Surtout, les élèves ou les parents vous affirment péremptoirement qu'en module, on ne note pas (sous-entendu, on n'est pas vraiment obligé de travailler- mais c'est très à la mode, c'est d'ailleurs la note qui est responsable de l'échec comme le thermomètre de la maladie).

J'observe qu'en seconde, on distribue cérémonieusement aux élèves des fiches concernant la compétence à acquérir, et toutes sortes de détails techniques; dans les faits, c'est souvent la partie du cours où le but de l'exercice est le moins clair pour eux, et dont ils retiennent le moins; ne serait-ce pas plutôt l'un des avatars des "10% "qui avaient fleuri depuis les années 70? En tous les cas, au lieu de tous ces grands mots, il y avait jadis simplement des "demi-groupes" (les Femmes savantes de Molière auraient hurlé au suranné et au désuet d'un mot qui aurait autant fleuré la simplicité et le terroir) . Bref, avec moins d'élèves, on bosse mieux. Tout le monde le sait.

Mais le dire, serait accorder vraiment plus d'heures pour travailler, et sans bénéfice pour les lobbies du pédagogisme (avides de pouvoir dans l'administration, dans les "sciences de l'éducation, ou d'argent facile dans des stages juteux, ou dans des éditions de manuels de plus en plus obscurs et inutilisables pour l'enfant au nom du fait qu'ils mettent en avant la "recherche personnelle"). Une fois de plus, laissons travailler les gens avec leur expérience, et méfions-nous des théoriciens planqués loin des laboratoires d'expériences qu'ils nous mijotent!

 

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Internet et la modernité alliés aux exercices absurdes: Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué?

Un élève demandait sur un forum:

Lyceen en premiere scientifique, je dois effectuer un expose sur le sujet suivant: " La representation de la petite ville de province dans La Place d'Annie Erneaux." Auriez-vous des renseignements a ce sujet, ou vous serait-il possible de m'indiquer des sites ou je pourrai en trouver? En vous remerciant par avance.(X) P.S: Je vous remercierai de m'ecrire a mon adresse personnelle (X)

Réponse:

Quand tout le boulot qu'on te donne sera préfabriqué sur internet (et ça approche à grands pas avec les prochains "tpe, travaux personnels encadrés", tes diplômes quels qu'ils soient n'auront plus aucune valeur. Est-ce un bien? Et si tu te faisais une opinion par toi-même? Serait-ce plus nul que l'opinion d'un illustre inconnu sur un sujet d'une si grande importance qu'on se demande même comment ce n'est pas devenu le moyen principal de lutter contre l'illettrisme? Pense tout seul, ça devient urgent en nos temps de pensée préfabriquée; des gens qui sauront faire copier-coller sur internet, il y en aura bientôt des millions, et ce n'est pas cette aptitude qui leur permettra de bouffer; les faiseurs de réformes, les partisans des nouvelles techniques, ils envoient leurs gosses traiter ailleurs des sujets qui mènent plus loin.Lis Montaigne, Rabelais, et Molière (pour commencer) contre les pédants et le faux savoir livresque; quand tu auras compris la puanteur des grands mots précieux, passe à Orwell et Huxley ; prof de français en 1èS moi-même, je suis désolé que le modernisme te fasse passer par là: je bosse "à l'ancienne", mais je limite l'inutile au minimum; j'avoue qu'en ce moment les programmes et le jargon néo-scientifique des cours de français sont bien affligeants et semblent faits pour dégoûter de la lecture et de la réflexion; bon courage.

Et ceci n'est rien à côté de ce qu'on trouve sur les multiples forums d'"entraide ", voire académiques (le style:" qui peut me faire un résumé de tel livre, j'ai la flemme de le lire?" ou:" Help:Qui peut me traiter tel sujet de rédaction (ou de dissertation, ou de version, etc): c'est pour demain"). On sera mal barrés avec les TPE qu'il faudra noter- avec l'avantage pour cet exercice, ai-je entendu dire à un ponte, que "l'enseignant ne sera pas plus compétent que l'élève sur le sujet" (entre parenthèses, je vois mal ces gens aller confier leur bagnole à un garagiste nul parce qu'il n'en connaîtra pas plus qu'eux sur le sujet!)

Mais j'avais été traité de "parano" sur le forum; réponse (mai99)

Ne dramatisons pas, et n'appelons pas "parano" (ça devient courant sur ce forum) tout participant un peu méfiant non devant les nouvelles technologies (ok- ou techniques, bof) , mais devant ce qu'on en fait ; je vois simplement beaucoup de messages défiler pour demander des solutions à des sujets, et je crois les élèves capables de réfléchir ausi un peu, d'abord, par eux-mêmes: pourquoi aller lire d'abord le critique, avant d'avoir lu le livre, quand on ne connaît ni l'un ni l'autre? Je ne disais rien de plus; revenant encore à un texte classique- mais pas totalement poncif débile, je citerai- plutôt pour l'élève demandeur-, la "dent d'or" de Fontenelle: "Mais on commença par faire des livres, et puis on consulta l'orfèvre".

Bref, beaucoup d'élèves en ce moment viennent en cours faire des exposés où le travail a consisté -quand ils y ont pensé- à ôter une marque de copyright. Auraient-ils perdu à lire l'original d'un texte, avant de copier sa critique? Voilà tout; j'aime bien , encore, lire des copies un peu maladroites peut-être, mais où je sens un travail personnel; je n'aime pas trop corriger une copie et m'apercevoir que c'était un "profil d'une œuvre" recopié; je n'aime pas plus constater que cela provenait d'un "copier-coller"; reconnaissons que ça existe: il suffit de lire certaines demandes sur ce forum, du type: peut-on me renseigner sur le mythe antique: là aussi, j'aurais tendance à dire: lis d'abord quelques textes, ensuite les gloses. Je crains en effet que les "travaux personnels encadrés" ne présentent ce risque; mais je ne me réveille pas pour autant en sursaut la nuit; bref, rassure-toi, ce n'est pas encore de la parano; je crois simplement qu'en première, un élève n'a rien à perdre à lire quelques auteurs par lui-même avant de se tartiner tous les critiques-et en a-t-il le temps, même avec Internet ?En gros, ne va-t-on pas lui demander un travail de recherche de type universitaire avant qu'il ait eu quelques repères?


Maintenant, je n'en suis pas à opposer littérature et Internet, ou beau passé grandiose et Internet etc; sinon, je ne causerais pas ici. J'ai peut-être été mal compris- ou me suis laissé emporter par (j'allais dire ma plume) ; mais la caricature ou l'hyperbole permettent parfois de s'exprimer avec plus de relief, bref de se faire comprendre plus vite: nous n'écrivons pas ici des livres... Je n'ai jamais dit à mes élèves de ne pas utiliser Internet, soyons clair!

L'élève à l'origine de ce débat m'avait répondu quand je lui avais demandé des nouvelles, un peu plus tard; comme d'habitude, lui qui devait être "au centre du système éducatif" pour justifier les théories, on l'avait un peu oublié...; disons aussitôt que sa démarche n'avait pas été la bête volonté de copier-coller un travail tout fait, et procédait plutôt d'un certain désarroi devant cet auteur peu avant le bac. Mais, ajoutait-il:

(X) a écrit : A vrai dire, devant le manque total d'informations sur ce sujet, nous avons ete obliges de renoncer a cet expose.

Je lui devais une réponse et quelques conseils simplistes..

Merci d'avoir répondu; à vrai dire, cela me conforte dans ce que je pensais du sujet en question; si j'ai voulu t'envoyer un mot, c'est que je pensais bien que le débat qui a suivi sur le forum n'était pas trop ton problème, et que l'urgence devait s'imposer alors; à vrai dire, je visais surtout-outre les ministres et théoriciens pédagogistes qui croient avoir découvert la lune- les élèves qui viennent de découvrir qu'ils ont "le mythe antique" au programme et qui attendent une impossible solution de secours.

Mais je voulais surtout te dire (peut-être as-tu suivi la suite de mes interventions) que, surtout dans un cas pareil, le premier truc, c'est de lire le bouquin, et de voir soi-même ce qu'il y a à en tirer (peut-être rien).Tu as dû lire la suite du forum. En l'occurrence, tu n' as rien vu dans ce livre, et tu as donc cherché, c'est bien: peut-être n'y avait-il rien à voir! que voulais tu que , même avec internet, un illustre inconnu ajoute à cette illustre inconnue? Si l'entreprise a sombré dans l'échec, on se demande comment son initiateur n'y a pas pensé plus tôt avant de vous proposer le sujet pendant votre année de bac; après tout, on pouvait faire de même à partir de Balzac, Flaubert, Maupassant, Camus, ou d'autres, science-fiction américaine pourquoi pas mais ça resterait du détail, et ça n'est pas nécessairement ringard parce que ce n'est pas de l'année; je t'avouerai que, prof de lettres classiques, agrégé (sans vanité) de surcroît, j'ignorais ,jusqu'à ta question ,l'existence même d'Annie Erneaux- et je ne m'en porte pas plus mal; ça ne m'a pas empêché de chercher aussi, pour ne rien trouver d'intéressant; c'est peut-être un génie méconnu sur lequel j'ai ironisé à tort, qui sait?

C'est peut-être la nièce de ton ou ta prof, ou son sujet de maîtrise- ou c'est branché qui sait parce que c'est féministe, "citoyen" ou écologiste (thèmes que je ne cite ici que parce qu'ils deviennent des clichés dévoyés après avoir été utiles en leur temps, avant qu'ils permettent l'accès au pouvoir de nouvelles élites); je n'en sais rien, et je n'en ai pas honte; ton-ou ta prof ignore probablement les noms de mes 200 livres de science-fiction favoris (c'est pas pour autant que je les fais faire en exposés, même s'il m'arrive de simplement les conseiller, rien que pour le plaisir-y a-t-il une vraie culture sans plaisir?

Mais je pense que l'utilisation d'Internet devrait d'abord servir à se repérer dans une culture plus générale qu'on se ferait soi-même, avant d'être une roue de secours contre les marottes des profs en mal d'éducation des masses aux valeurs actuelles. On aurait tellement de choses à faire connaître aux élèves (et on nous en laisse de moins en moins la liberté avec les programmes et le jargon "autour du texte argumentatif") qu'Annie Erneaux, c'est un peu la goutte d'eau qui fait déborder le vase.

Ca ne veut pas dire que je suis un vieux con, malgré mes 45 ans, mes élèves (je leur parle comme à toi ici, c'est-à-dire pas du tout dans le langage-entreprise des réformes récentes) ne m'en veulent pas de leur présenter quelques auteurs classiques maintenant méconnus quand ils voient que c'est intelligent -genre Montaigne; je me contente de leur montrer que la modernité, c'est pas le dernier truc sorti sur le dernier sujet à la mode, ça peut être beaucoup plus ancien si le mec pensait tout seul, et s'il vous aide donc à penser encore tout seuls- c'est encore plus dur, mais encore plus nécessaire- de nos jours: j'ai une dent contre la façon dont on vous endoctrine maintenant. Mais t'inquiète pas pour mon moral, je m'entends bien avec mes élèves, ils avancent et on s'ennuie pas ; même si je ne sais pas comment on fait pour mettre une heure de colle, je ne vois pas pour autant pourquoi un cours de littérature française devrait devenir du prêchi-prêcha pire que france info, ni pourquoi on vous gonfle (et moi avec) avec le jargon à la mode des "conditions d'énonciation du discours" etc.

Salut et bon bac, si t'as besoin de tuyaux, demande directement ici, mais n'oublie pas des évidences comme à l'écrit faire un plan et écrire lisiblement sans trop chercher à frimer avec les grands mots; à l'oral, n'oublie pas de regarder ton examinateur, n'aie pas peur de penser tout seul; n'oublie pas que dans une épreuve de français on parle et écrit français, sans argot, sans verlan (même si je sais aussi les pratiquer), sans chewing-gum, sans grimaces on évite les euh, chaispas, bon, ben, et bof, les donqueuh, les voilà et la nasalisation à la mode dans "c'est claiaiaiaireeunhnn". En faisant simple mais clair, en ayant lu plutôt les textes que les "profil d'une œuvre", en étant capable de montrer qu'on a lu le texte à côté dans le manuel- même s'il n'est pas dans la liste, et enfin ou d'abord et surtout, en étant capable de bien lire, en se donnant un peu, le texte qu'on va commenter à l'oral(tu ne peux pas savoir combien d'élèves, avant de réciter leur explication, montrent par leur lecture qu'ils ont fait un travail scolaire, mais n'ont pas compris), avec tout ça, on gagne des points. Optique marchande, mais faut bien s'en sortir... Allez, à plus tard; j'espère que ça se passera bien; donne des nouvelles;t'inquiète pas,le bac,c'est pas énorme. Meilleurs vœux.

 

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L'EPOPEE DES TPE (chronologique)

 

(voir des analyses d'octobre 2000 sur le site de "sauver les lettres")

Lettre aux parents sur les TPE dans un lycée qui résiste

 

(JUIN99), je croyais alors qu'ils nous tomberaient dessus en septembre suivant :

Après les modules, la "lecture méthodique", (comme si elle ne l'était pas avant) en français, "l'étude du texte argumentatif et travaux d'écriture", tous ces "machins" sur lesquels les collègues ont eu à s'interroger pendant plusieurs années pour entrevoir leur nature et leur intérêt par delà des textes abscons, je cherche à comprendre ce dont il s'agit avec les TPE: Nouveaux stages en perspectives; mon bahut est déjà plein de propositions des organismes de formation (ça sera d'ailleurs cher pour l'éducation nationale, donc nos impôts: est-ce un nouveau lobby? ).Peut-être cela sera -t-il l'objet de nos quelques jours de prérentrée: il commence à devenir habituel de se taper les exposés des pontes des "sciences de l'éducation " et de l'IUFM, grassement payés pour nous endoctriner en ces occasions .

Quasiment aucun prof ne réalise dans mon bahut que c'est au programme l'an prochain, mais il faudra encore s'adapter à un nouveau monstre formel, qui ne me paraît pas si vital en période d'illettrisme et d'inculture; mais je crois qu'une nouvelle fois, on testera la capacité des profs à se soumettre; et les profs qui y arrivaient encore seront une fois de plus poussés à remplacer des méthodes qu'ils avaient testées et acquises d'expérience, par des outils théoriques établis dans des sérails; J'ai entendu aujourd'hui sur BFM que l'avantage et le modernisme de cette réforme, "pilier de la réforme Allègre", était que le prof ne serait plus le meilleur dans sa matière, mais qu'il deviendrait seulement une "ressource" , sur des sujets sur lesquels il ne serait pas le plus compétent, pour l'élève dans ses recherches. Quel est l'intérêt de tant d'études pour en arriver là? Et pourquoi alors prendre un prof , plutôt qu'un concessionnaire automobile?


Bien sûr que tout cela peut avoir, "quelque part" comme on dit, un intérêt; mais le principe semple constamment le même: trop de théories pour remplacer ce qui ne marchait pas si mal; l'affirmation constante que cela ne marche plus du tout (sauf chez ceux qui suivent les directives,- ce qui reste amplement à démontrer concrètement dans les bahuts); la référence misérabiliste aux élèves défavorisés (même si on les enfonce encore plus), ... et la conclusion sempiternelle : si l'école se dégrade, c'est qu'on n'est pas encore allé assez loin. Quand on nous fout à la casse comme de vieilles bagnoles, combien de temps encore allons-nous en redemander? En tous les cas, de même qu'on a remplacé la grammaire ringarde par la linguistique en collège, on pioche une fois de plus dans le matériel universitaire pour rendre aux gamins des bases que les mêmes méthodes ont détruites chez eux; si c'est voulu, c'est cynique ou intéressé; sinon, c'est imbécile. Dans tous les cas, c'est grave .


Suite du débat en mars 2000 :

Bilan depuis cette époque lointaine: (signalez-moi ce qui a évolué depuis dans votre propre perception de la chose): il y a eu depuis chez nous des stages organisés par des "intervenants" sur les TPE, mais réservés aux "profs accompagnateurs et profs principaux", à charge pour eux de faire comprendre aux autres, en échange de leur indemnité, le caractère utile, -et obligatoire- des ces merveilles. La réunionnite est en train de se planifier, chez nous, pour remplir les cadres creux que l'on nous présente -ou nous faire accepter de copier servilement les modèles qui nous sont proposés.

Devrons-nous encore accepter de laisser la grève filer sur les thèmes syndicaux du style "des moyens pour les TPE", ou nous révolter enfin contre le totalitarisme de telles méthodes? Notre métier ne consiste-t-il donc qu'à éveiller la citoyenneté en dénonçant les totalitarismes des autres? Je signale en passant que, parallèlement, de jeunes stagiaires de Capes se sont fait rabrouer chez nous par des inspecteurs pour avoir parlé de complément d'objet direct (cela n'existe plus: on doit parler seulement de "compléments "essentiels" et non essentiels, c'est tout); d'autres, pour avoir fait un corrigé de version latine (ils auraient dû parler devant les élèves de "remédiation"; d'autres ignoraient que le conditionnel était devenu un temps. Les exercices de dictées ont été reprochés; par contre , on conseillait de faire plancher les élèves de 6è sur l'"émetteur", dans le texte de Hugo, qui se trouvait être Gavroche, afin d'aboutir au "schéma actanciel" du texte.

Parallèlement aussi- et logiquement- j'ai maintenant des élèves de seconde qui me demandent en "aide individualisée" de leur réexpliquer la différence entre le nom et l'adjectif; certains manient le terme de "connecteurs logiques" sans différencier une conjonction d'un pronom ou d'un adverbe; on apprend aux élèves à "étudier les modalisateurs et l'énonciation " dans un texte, mais la question la plus difficile pour eux devient:" que dit le texte"? Les parents ne peuvent plus comprendre un sujet de bac, et on leur fait passer cela pour un progrès, en utilisant les complexes que cela crée; c'est personnellement avec honte que je présente toute cette "nomenclature" nouvelle aux élèves, en sachant que les sujets de bac sont rédigés dans ce "novlangue" et que je les pénaliserais en ne le faisant pas: des heures de réflexion utiles perdues pour ce jargon-est-ce le but? ; je regrette qu'on fasse croire aux parents- (et que tant de profs rentrent dans ce jeu!) que tout cela est un progrès que ne peuvent refuser que des passéistes.

En réalité, j'ai bien l'impression qu'on cherche, comme dans tous les états totalitaires, à diriger les profs et à couper les enfants des parents pour mieux façonner la jeunesse. Et dire qu'on trouve des profs sur ce forum pour jouer le jeu, pour réciter les textes gouvernementaux avec peut-être même -pour certains - de la sincérité ou de l'absence d'ambition; pour dire que la généralisation des 35 heures au bahut ce serait bien (bref, la caserne c'est vraiment mieux et plus efficace, bravo à l'heure des boulots qui commenceront à se faire de chez soi par les moyens informatiques!

Mais surtout, quel besoin ont tous ces gourous de vouloir que tout le monde fasse comme eux; que ne nous montrent-ils leur efficacité par l'exemple sans vouloir utiliser l'autorité du chef? Sont-ils vraiment persuadés qu'ils sont les seuls à avoir jamais intéressé, instruit, ou éduqué des élèves? Je n'ai personnellement jamais eu l'idée d'exiger qu'un autre prof fasse, au nom de l'"équipe pédagogique " et de la "pluridiciplinarité", la même chose que moi! Il y a des moments où j'ai l'impression que les méthodes utilisées ne sont guère différentes de celles de l'église de scientologie (après tout c'est bien à l'école qu'on glorifie maintenant ici et là la "gestion mentale") Bref, je m'inquiète,-et on me dira donc que je suis parano et archéo.

Je ne suis pas le seul dans mon bahut; je ne défends pas mon bifteck, et je connais aussi d'anciens élèves, des amis devenus parents qui demandent:" mais qu'est-ce qu'on leur apprend encore?" Donc, pour éviter certains types de débats fréquents ici, arrêtons de mettre en cause parents, enfants, ou profs : aucun d'eux n'est responsable de l'idéologie qui envahit académies, ministère, et IUFM : ne nous sentons pas accusés ou solidaires de ces derniers à l'idée qu'ils soient remis en question Et si nous faisons grève, disons tout cela! Disons que cette réforme n'est pas un progrès à une époque ou le mot paraît toujours "globalement positif".


 

Juin 2001: Voilà, c'est fait: des collègues d'allemand ou d'anglais sont allés juger des TPE de physique ou de maths; en privé, ils rigolent souvent -jaune, c'est le cas de le dire- mais puisqu'on l'a fait (avec l'aide du battage internétique des crdp et autres officines participant au sabordage de l'école conjointement avec les IUFM), bref, puisqu'on l'a fait, il ne reste plus qu' à le refaire, l'année prochaine, en terminale, et à l'intégrer au bac... Un tour de plus qui sera joué! Une escroquerie de plus..., - et surtout, quelques profs de plus qui ont dû courber l'échine, et qui, pour ne pas se l'avouer, préféreront dire, à leur tour "après tout, pourquoi pas, c'était intéressant même si on n'a rien compris au sujet traité", et une masse d'élèves qu'on éloigne un peu plus d'un travail personnel et rigoureux... Le travail de destruction avance! Vive la révolution culturelle! (comme nous le hurlions en 68 avant de savoir ce qui se passait vraiment en Chine)...


le 23/1/04 Pour vous amuser, allez encore visiter un site parmi cent autres de TPE tout faits (ou allez vous-même taper "TPE tout faits" sur Google! Maintenant, plus besoin de se fatiguer : quel prof sera capable de visiter tous les sites internet possibles pour repérer le plagiat? Ils sont innombrables...


le 10/02/05 : Contrôle continu et TPE : Comment concilier manifestations contre le contrôle continu et pour les TPE ? Sinon d'un point de vue politique?

Apparemment aujourd'hui de grandes manifestations de lycéens. J' en ai fait , moi aussi. Avec cœur, bien sûr. Manipulé, parfois, comment le nier? J'ai cru dans les années 70 que le mot "révolution culturelle" signifiait liberté nouvelle pour "les jeunes" et leur "nouvelle culture"(magazine "Actuel" à l'époque), et j'ai beuglé, ignare, des slogans, pensant à mon petit monde, à mes souhaits de liberté personnelle, à ce que je voyais moi à travers ces slogans, et ignorant des milliers de morts (ou centaines de milliers?) que ce mot cachait à l'autre bout du monde. Je crois devoir avouer que j'étais "un peu" manipulé et pas très au courant. C'était aussi mon adolescence et je croyais profondément penser tout seul..

Il ne s'agit pas de morts ici, mais la manipulation reste présente. Qu'on m'explique comment les "jeunes"(lesquels?) peuvent, devant des micros, à la fois hurler contre le "nouveau" contrôle continu (je ne suis pas pour) et réclamer le maintien des TPE (qui a été - et je suis contre- la porte ouverte à ce contrôle continu-et alors, personne ne se révoltait!). Comment me démontrera-t-on que le contrôle continu est abject parce que venant de Fillon, et merveilleux, quand il vient de Jack Lang? Surtout quand, parallèlement, il s'agit de dissimuler aux parents que les spécialistes de l'éducation ont empêché les enfants d'apprendre à lire et à compter pendant plus de vingt ans! Des lycéens manifestent-ils à ce propos?

Dans mon bahut, des élèves sont régulièrement surnotés en TPE, comme au brevet, parce que c'est la notation locale. Il y a eu cette année des pressions de parents sur l'administration, et cela a occasionné des pressions de l'administration sur des profs, avec notes rehaussées de plusieurs points en TPE. Profs et administration ont reconnu et avoué deux cas de triche alors que les échos d'élèves (j'ai des témoignages personnels précis des élèves eux-mêmes qui ont pratiqué la technique) évoquent des dizaines deTPE copiés-collés que les profs, ignorant les sites de triche, n'ont pas repérés ou voulu repérer : ils ont fait ce que le bahut leur demandait et n'allaient pas casser la baraque...

Alors, qu'entend-on dans les médias et les micros-manif-trottoirs? Que les TPE, c'était bien, et que "ça faisait gagner des points" au bac; pas que c'était particulièrement positif : bien des témoignages d'élèves nous montraient qu'ils avaient le sentiment de perdre du temps en cette année cruciale... Mais "ça fait gagner des points"... Certes, et de façon bien plus rapide et rentable que le travail des pauvres niais qui ont choisi une vraie option qui n' a pas le bonheur d'être évaluée idéologiquement par des profs" qui ne seront pas compétents dans la matière"(c'est une qualité dans le pédagogisme), comme le souhaitent tous les pédagogistes à la mode Meirieu : imbéciles élèves qui ont choisi le latin, le grec, le japonais, et n'ont pu copier-coller leur épreuve après quatre ou cinq ans de travail autrement plus astreignant qu'une improvisation de quelques semaines, ou une copie de quelques minutes...

En somme, le contrôle continu, c'est bien quand ça fait gagner des points, et "nul" s'il y a des risques... Ne parlons pas de l'hypocrisie qu'il y a à faire répéter aux lycéens des slogans sur les "lycées à deux vitesses" : à qui le brevet a-t-il profité depuis le contrôle continu ? Au Lycée Louis-Le-Grand, ou à l'Académie de Créteil? Où a-t-on triché sur les résultats? Qui a un brevet , qui aura un bac bidouillé, sachant que dans tous les cas cela s'appellera le bac? Au profit de qui va-t-on tricher? Arrêtons de prétendre que l'on trichera pour les seuls "fils de bourgeois", ce discours sent le rance : voilà des années qu'on triche pour garder leur place aux spécialistes de la "science de l'éducation" et , chez les "humanitaires" de l'éducation, pour "sauver le peuple" et préparer le grand soir ... Moyennant quoi, illettrisme et ignorance crasse, et la bonne conscience militante va encore y aller de son couplet..; on mêle donc des discours contradictoires. Les manifs actuelles me paraissent un sac de nœuds savamment orchestré pour qu'on ne dénonce toujours pas les monstruosités de la "science de l'éducation", mais celle -ci est fort adroite pour renaître de ses cendres et faire appuyer ses vieillards par la jeunesse militante! Presque vieillard moi-même, je m'insurge cependant.

Et, toujours coincés dans le débat gauche-droite, des profs qui n'en peuvent plus des absurdités qu'on leur impose vont encore fermer leur gueule, tétanisés par la crainte de paraître "réactionnaires"? Le combat pour l'école n'est pas un combat contre la droite, ni pour la gauche, ni pour l'altermondialisme, c'est un combat pour nos enfants! Il sera trop tard pour pleurer quand on en aura fait des "Jeunesses " de tout poil, et qu'ils seront clonés et zombifiés par les spécialistes du genre!

Relisons Animal's farm et 1984 d'Orwell!

Une fois de plus, je sens que je vais passer pour réac en disant que" le roi est nu"!


le 20/02/05 : Contrôle continu et TPE : Suite du feuilleton

Les medias toujours évidemment jeunistes nous annoncent de grandes manifs (spontanées) à venir à la rentrée, et, certes, quelle fierté quand on est lycéen, de se dire qu'on peut faire plier un gouvernement (Qui, moi y compris, n'a pas connu cette joie depuis quarante ans?)! Quelle sensation de force ! Force qui sera utilisée et récupérée cependant par des "vieux", des renards qui connaissent bien mieux les tenants et les aboutissants du débat... C'est devenu rituel depuis des décennies ; on désignera des célébrités du moment, plutôt choisies comme égéries pour faire pacifique et innocent, qui par la suite se retrouveront dans les "montant(e)s" de tel parti ou syndicat. On les oubliera après en avoir fait héros ou héroïnes. Bien sûr, puisqu'on est dans un monde où la moindre bavure ferait des martyrs, un gouvernement quel qu'il soit se doit de bannir tout risque suicidaire - donc de laisser faire...(voir Anouilh, Antigone , Ils te diront tout le contraire parce qu'ils ont besoin de ta force et de ton élan. Ne les écoute pas. Ne m'écoute pas quand je ferai mon prochain discours devant le tombeau d'Etéocle. Ce ne sera pas vrai. Rien n'est vrai que ce qu'on ne dit pas... ). L'impossibilité de réussir comme Ministre de l'éducation tient à cela: il est facile de lancer des milliers de lycéens dans la rue avec de vieux slogans qui leur donnent envie de prouver qu'ils peuvent faire comme ce qu'ils ont lu sur leurs aînés ; facile de mêler à cela un peu de soupe humanitaro-sociale qui comblera leur générosité immémoriale...Dans mon bahut, on a entendu retentir dans la rue le vieux "dans la rue, avec nous"...Mais qui, d'un côté comme de l'autre de la fenêtre, savait en dire plus que ce que j'ai trouvé sur le blog de "phosphore"(cité en- dessous) ? Après tout, les aînés ne leur donnent guère le goût de la précision quand ils argumentent sur la Constitution europénne...Formules choc et flou artistique, et... on verra plus tard...

Et les medias (actualités du 20h) d'embrayer et de surenchérir ces derniers jours : non, "on" n'allait pas proscrire les TPE (on entend de moins en moins parler ceux qui les critiquent) mais seulement les faire compter en première pour le bac : porte de sortie toute trouvée pour le ministre s'il avait vraiment voulu s'opposer au pédagogisme bidon (on attend sa réaction)... Quelques interviews de jeunes en train de plancher en TPE sur le mouvement punk et sa signification, quelques phrases bien-pensantes sur la socialisation qu'ils y ont découverte, -genre" ça ne sert pas à grand-chose mais on a appris à se parler et à se connaître alors ça mérite bien quelques points, quoi, même si, quoi, y en a qui trichent un peu, quoi, mais faut de tout pour faire un monde et faut pas critiquer la différence car ce serait de la discrimination"... (Avant les TPE, ils ne se parlaient pas, et depuis, ils se découvrent comme "jeunes militants qui communiquent"?) A noter qu'on a aussi entendu des enseignants "propres" valoriser les TPE comme un enseignement non "frontal"- nouveau mot que j'ai entendu deux fois sur des sujets différents dans le même journal télévisé (mot commode car présentant l'enseignement "traditionnel"- ou l'enseignement tout court - comme un affrontement, avec en douce l'avantage de la connotation avec un certain "Front" ... Qui saura affronter quoi que ce soit bientôt dans cette mélasse?

Et l'on commence à nous faire avaler que les "points" seront donnés dès la 1è, alors qu'avant ce n'était qu'une expérience, qui devait se concrétiser en terminale. Donnez des sous, donnez des points!...Points donnés par les profs du bahut , exigés par les parents, fortement encouragés par les bahuts qui ne voudront pas y perdre dans la surenchère...Si avec cela on ne fait pas des lycées , non à deux, mais à cent vitesses... Sont-ce des manifs pour se "faire donner des points", "harmoniser" les résultats du bac comme on a "harmonisé" ceux du brevet ? Evidemment, qui serait assez dur pour s'opposer à l'harmonie, voire à un monde harmonieux ? On comprendra trop tard que l'harmonie, ce n'est pas l'harmonisation...

Et voilà quel aura été le résultat d'un mouvement opposé au contrôle continu et à son injustice : on l'aura institutionnalisé et renforcé en achetant aux candidats un peu de paix sociale, de peur de ne pas avoir l'air d'être du côté des jeunes... Et les jeunes suivants (les petits frères, puis les enfants de ceux-ci plus tard) continueront à payer l'addition, avec un enseignement qui deviendra de plus en plus bidon; ils feront des projets collectifs spontanés et ne sauront pas lire...Dictateurs du futur, frottez-vous les mains...

Je regrette d'avoir à en témoigner, puisque les témoins sont rares, mais j'ai entendu beaucoup d'élèves se plaindre du temps perdu en TPE et de l'incompétence de ceux qui les "dirigent", et beaucoup de profs dire que c'était commode comme complément de service et pas trop fatigant par rapport aux cours et aux corrections...Les plus positifs disant que "ça ne peut pas faire de mal"... Oui, comme peigner la girafe... (ou la peindre, pourquoi pas, du moment que c'est en groupe, en "équipe" ?). Mais, chhhuttt , il ne faut pas le dire...

 


 

16/02/05 Un commentaire instructif trouvé sur le web (un peu en texto, certes, mais est-ce hors sujet?):

(trouvé sur http://phosphore.typepad.com/redac/2005/02/vous_tes_manipu.html)


Rédigé par: Mlle la fée | février 3, 2005 12:30 PM pour ma part je trouve que supprimer les TPE c'est du n'importe quoi car c'etait un moyen de raporter des points facil...!et pui le bac en controle continu alor ca c vraimen dla conerie car il n'aura plus la meme valeur si lon vient dun lycée de zep ou dun lycée parisien tres bien coter!!!donc Fillion au lieu de faire d reformes comme celle la il devrait plutot reflechir a ce qui serai bénéfique pour nous car apres ils vont dire que le niveau scolaire regresse c sur si on suprime des heure de cours, supprime des profs(pour se retrouver a +de 35 en class), et encor dautres choses c'est pa kom ca kon va evoluer car essayer de comprendre quelque chose kan on est 35 en cours .pa facil......!alor on reflechi avan de faire d reforme!!

 

A méditer !!!

 


Et jouez avec le Meirieutron!


 

 

LES GROUPEMENTS DE TEXTES

(LE 15/5 SUR "LETTRES ET DÉBATS"

Je n'ai guère eu depuis vingt-cinq ans l'impression de me trouver devant des classes qui s'ennuyaient devant la littérature même si on nous ressasse maintenant que les élèves s'ennuient nécessairement ( à quand le moment où celui qui avouera aimer l'école sera pénalisé?) . Je n'ai d'ailleurs pas, loin de là, l'impression que les élèves s'ennuient moins avec les utilisateurs de jargon pseudoscientifique : au fond, le problème reste le même que quand nous étions élèves: on n'appréciait pas un prof pour son vocabulaire pédant, mais pour un certain rapport qu'il savait entretenir avec nous, sans nous écraser mais aussi sans démagogie; les élèves maintenant apprécient à court terme une bonne note, mais savent fort bien juger si elle a été méritée ou non. Bref, comme par le passé (mais ce passé doit être officiellement honni, car faisant appel à un "affect" qui ne rentre pas dans les théories pédagogiques qui voudraient magiquement-et mécaniquement- fabriquer bons élèves et bons profs), bref, disais-je, on appréciait un prof un peu passionné et qui cherchait à transmettre sa passion.

Je dois dire que j'étais beaucoup plus passionné quand je n'étais pas prisonnier des "groupements de textes" qui font étudier les auteurs à travers des grilles arbitraires(tel passage de Balzac, ou Céline, ou Vian, ou Montaigne ne sera pas apprécié en fonction de son sens , de son auteur, de ce qu'il inspire, mais parce qu'il comporte un incipit, ou un oxymore, ou une métonymie, ou parce qu'il se déroule à la plage dans un groupement sur la plage, qu'on y danse si c'est un groupement sur la danse, où parce qu'il y a un arbre comme dans les autres textes du groupe, etc... La liste serait interminable. On ne peut en vouloir aux pauvres élèves qui nous disent alors au bac, si on leur demande ce qu'ils ont perçu d'essentiel: "ben, chais pas, y a un incipit, un arbre, de la danse, comme dans les autres textes". Bref, ce qu'on nous demande nous paraît surtout viser à écraser le texte sous la critique et les gloses. Et, oui, je l'avoue, cela ne me passionne pas; je me sens de plus en plus obligé de faire un cours double, où je montre à mes élèves ce que tel texte peut avoir de passionnant, puis où je leur dis ce qu'il faudra dire au bac, comment en rajouter une couche si l'examinateur semble frétiller sur les termes techniques, comment parler franchement s'il semble apprécier l'intelligence. Ce qui ne résout d'ailleurs rien pour l'écrit. Je voudrais faire étudier tel extrait de Camus (mettons par ex la rencontre de Marie et Meursault)? Pas posssible: il faudrait faire un groupement de textes sur la rencontre ou la plage; pas le temps; alors, on laisse tomber. Je voudrais faire étudier un auteur marginal ? Pas le temps -et avec qui le mettre en rapport, dans quel groupement? On laisse tomber... Je suis effaré quand je vois que les listes de bac de mes élèves étaient quatre fois plus étoffées voici dix ans- mais entre temps, ils ont appris à jargonner, les profs aussi, et les textes (comme dans certains manuels de seconde) ne sont plus que des prétextes à analyse rhétorique ou linguistique; il ne s'agit ni d'aimer, ni de connaître. Si Voltaire est dans un groupement de textes, la question piège pour l'élève sera: "savez-vous quelque chose sur Voltaire?"... Manque de pot, c'était le groupement de texte sur le conte: il fallait juste savoir que Zadig, ce n'est pas Cendrillon, mais que dans les deux contes, on trouverait adjuvants, opposants, et élément perturbateur. Que les écrivains ne sont-ils encore de ce monde, pour juger de ce qu'on a fait d'eux!

J'ai été un peu long, je pourrais l'être bien plus sans les copies qui me restent, mais voilà où nous mène, je crois, cette propension générale à inventer ces "groupements de textes"et autres dérives technicisantes, puis à y inféoder les textes et auteurs. Je l'ai déjà dit ici, je trouve insupportables ces requêtes de "profs bons élèves" qui sur le net , après avoir trouvé leur titre de groupement (sur un sujet si détaillé que c'en est dérisoire par rapport à ce qu'on voudrait faire partager aux élèves et à ce qui leur manque), viennent quémander textes ou travaux tout faits qui pourraient justifier ledit groupement. En ce qui me concerne, je ne suis jamais très à l'aise avec le travail d'un autre(cf le miel et les abeilles de Montaigne: on ne fait pas toujours après du miel de tout cela, chez nos profs qui "pillottent de çà, de là " le net...

LE 19/5 SUR "LETTRES ET DÉBATS" (pour dire que , "retranché dans ma "forteresse classe", je n'étais pas limité aux textes pour eux-mêmes, dans une sorte d'abstraction de mandarin)

Je ne voudrais pas qu'on s'imagine, malgré mes propos et bien que je n'éprouve pas le désir de le faire à l'intérieur de "groupements de textes", qu'il ne m'est jamais venu à l'idée, en traduisant une satire de Juvénal sur Rome (c'est justement le cas en ce moment), de faire le lien avec le Paris actuel , Boileau, certes, ou aussi Topaze et ses trafics de latrines, et même Decaux... J'observe les mêmes pompes funèbres lucratives chez Juvénal et chez nous; mais je ne vois pas en quoi le devoir de me situer à l'avance dans un groupement préétabli favorisera la réflexion : les élèves se croiront obligés de réciter au bac ce que j'ai dit simplement pour les faire réfléchir et leur proposer des rapprochements. Bref, sans "groupements", je fais tout cela comme un grand; infantilisé comme nous allons l'être avec les nouvelles directives, je me sentirai limité, moins spontané; et l'on observera la dérive actuelle, bien visible sur le web, que des gens choisiront des groupements en fonction de l'offre et réclameront des explications toutes faites: je ne crois pas qu'avec cela les élèves se sentiront très motivés: ils auront des profs qui réciteront, et, au mieux, ils apprendront à réciter à leur tour - si le tout n'a pas été soporifique -car je ne vois pas trop en quoi tout cela combattrait mieux ce fameux "ennui" qu'on veut déceler chaque jour chez nos élèves s'il s'agit de l'"ancienne méthode" (d'il y a dix ans), et qu'on ne veut jamais remarquer (qui aurait l'idée de l'évaluer dans ce cas-là) chez les élèves menés par les méthodes "nouvelles", si vivantes, et "motivantes pour l'apprenant"!


La "vie de classe":(14/9/2004) Bien sûr, si maintenant il y a de la "vie de classe, c'est qu'auparavant les classes étaient mortes! (avant l'apparition du pédagogisme et de la communication). Bref, encore de ces heures qui grignotent sur l'instruction de nos enfants au profit d'un discours "citoyen" et gnan-gnan : suite des 10% et autres avatars qui se sont succédé depuis les années 70. Moi aussi j'ai jadis joué le jeu bénévolement, mais il est temps de dénoncer la dérive bidon voire autoritariste qui en a découlé! Voir un bon article d'octobre 2004 sur le sujet: Heure de vie de classe ou perversion totalitaire

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