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Exemples de démarches suspectes autour de la "démarche de projet": "l'œuvre collective".Equipe pédagogique et évaluations.

Et jouez avec le Meirieutron!


1)Projets pourélèves:

Sur une question candide, sur un forum d’éducation, à propos de " la réalisation de fresques collectives "( Où pouvait-on demander des conseils?); ma réponse sous le titre :" réalisations collectives en goulag "(1999)

Déjà vu ce genre de fresque, réalisée collectivement et "spontanément" par les enfants à MAROLLES SANTENY (94) ; TRÈS BIEN VU PAR LES MÉDIAS (JOURNALISTES ET OFFICIELS PRESENTS). Sûrement très bien aussi pour l'avancement ; la première fois, un groupe d'intervenants (grassement payé) est venu avec la photo de la fresque que les enfants allaient "créer": ô surprise, le résultat était identique : ces pédagogues connaissaient si bien "l'enfant" qu'ils savaient à l'avance ce qu'au cours de bien des réunions ils allaient décider eux-mêmes de créer ; une autre fois il s'est agi de "créer" une fresque géante de la tête de Georges Brassens (collège du même nom): trois mois de travail collectif (vertus de la solidarité, respect d'autrui, et tout le baratin actuel) ; un logiciel de photo, on agrandit démesurément chaque détail, chaque enfant fait par exemple un triangle noir sur une feuille d'A4 blanche, il numérote, et ensuite, on scotche, on colle sur une toile, on déploie du deuxième étage, et l'on observe que les enfants ont une formidable créativité dès que l'on fait de la pédagogie nouvelle ; inutile de préciser qu'après cela, chaque enfant reste incapable de créer par lui-même; mais il a appris les vertus du "projet"- éducatif, pédagogique, d'établissement, de"vie", et tous les autres auxquels on n'échappe plus si l'on veut encore être animateur, éducateur, ou prof, et bientôt bosser tout court. Ca fait mousser la direction, les inspecteurs d'académie, et cela compense le fait que les élèves sont de plus en plus largués dans cette pseudo pédagogie nouvelle (celle des camps de scouts, des jeunesses cathos, communistes, khmer, nazies et autres de tout poil) : on a ainsi démontré la valeur des camps de travail et nié une fois de plus l'individu ; cela dit, bien sûr, résultat spectaculaire garanti; sur le plan de l'insertion des jeunes : génial : ils apprennent à faire à l'avance ce qu'on attend d'eux (comme les profs qui après les sempiternelles ei interminables réunions pédagogiques finissent toujours par accoucher spontanément d'un clone du BO) , et, au fond, ils apprennent ainsi le travail à la chaîne et le refus de la dissidence : ils sont un peu plus, comme c'est désormais le seul objectif de l'éducation, "socialisés". Bref, pour tout renseignement sur ce genre d'arnaque (et bien d'autres -intervenants théâtreux ratés à deux mille balles par jour, faux poètes qui font du cadavre exquis, conteuses mondaines pour faire avaler le schéma actanciel et la narratologie directement aux élèves quand les profs sont rétifs), téléphonez à ce collège Georges Brassens. Ils aiment, ils ont travaillé là- dessus à l'académie, et ils n'oseront peut-être pas avouer que c'est comme ça qu'on monte en grade; ce qui n'empêche pas ce bahut de pourrir comme les autres depuis qu'on y pratique ce genre de démagogie. J'en suis parti, merci, mais je ne pouvais refuser le tuyau!

(le4/4/99)

E-mail a un collègue qui s'était permis, le bougre, de trouver drôle cette réponse à la "demanderesse" de méthodes pour fresques collectives.Je me devais de me présenter et de répondre à sa sympathie(avril99)

Salut, frère en infortune ! C'est vrai qu'on a envie de temps en temps de prendre les gens sérieux en quête de projet dans les filets du web: au lieu d'enfants sages, ils tombent sur des collègues bizarres .

Présentation: prof au collège que j'ai dit, passé pour fuir dans un lycée privé pour constater qu'ils cherchent à être à la pointe du mouvement. Agrégé de lettres classiques (sans fierté pour le titre, mais pour me désigner comme dinosaure) . Jadis honni de collègues conventionnels pour mes bons rapports avec les élèves- disons du feeling ou le goût du boulot que j'avais choisi- désormais relégué au rang des réacs par ceux qui l'étaient avant, la roue tourne ; et évidemment, par les temps qui courent, il n'y a pas loin de cela à se faire cataloguer comme facho ou lepéniste chez les petits esprits qui croient œuvrer pour l'"enfance défavorisée".

Mêmes insanités partout ; ça m'a frappé dès ma deuxième année de boulot( il y a vingt-deux ans dans un collège de Picardie où l'on perdait temps et énergie à créer et défaire des "groupes de niveau"; accalmie ensuite, puis plus tard les "journées Legrand" où les "rythmes scolaires" pointaient leur museau: comme l'"enfant" ne peut supporter une attention soutenue que pour des "séquences" de 45mn, on n'était pas loin de nous refiler des classes en plus sous ce prétexte; c'était la grande époque de Jospin ministre de l'EN: aucune discussion admise; mêmes méthodes un peu trotskardes selon mes souvenirs des années adolescentes : commissions, discussions, et régurgitation du texte officiel ; le même Legrand qui dans un de ses bouquins a envisagé "l'uniformisation mentale" comme un objectif éducatif. Cela dit , cela s'aggrave de jour en jour; à la télé, à France info, et ailleurs aussi, peu de minutes sans cours de morale. Alors, on en vient à ce que d'aucuns appelleront parano- puisque c'est l'attitude individuelle-donc inexcusable- de qui ne suit pas le troupeau-ou le chien qui le garde.

On pourrait croire que tout cela n'est que sottises accumulées par hasard; ce serait quand même étrange; donc, propositions de lectures: Tout cela était déjà analysé par Milner (De l'école ) il y a vingt ans environ : bouquin visionnaire; De nos jours, de bonnes analyses chez Finkelkraut ; je suis tombé récemment sur un bouquin très intéressant de Pascal Bernardin, Machiavel pédagogue (80F, malheureusement-et pour cause- pas en librairie, à commander à J.Foulon, BP19, 06340 DRAP : l'auteur l'envoie contre un chèque dans les 3-4 jours; personnellement j'en ai acheté 4, et je fais circuler; des copains ont fait de même: l'auteur s'appuie sur des textes européens (ah, l'efficace Cresson dont on vantait le travail aux actualités, sans en connaître la teneur, pour faire pardonner ses errements!) ou d'organismes mondiaux: et l'on voit que tout ce jargon est programmé depuis plusieurs dizaines d'années; les références à Orwell(1984 ) et Huxley(Brave new world ) s'imposent. Pensons aussi à Ira Lewin (un bonheur insoutenable) pour rester dans la science fiction. Enfin, un bon bouquin décapant (pas en vitrines non plus mais aux Belles-Lettres, de Philippe Muray : Après l'histoire : bonne analyse de toute cette horreur, mais il a le mérite de tellement bien écrire qu'on rit à chaque page- après tout, c'est bien un Molière qui nous manque devant cettte préciosité, ces femmes savantes, et ces Tartuffes. Et combien d'autres qui ne passent pas la rampe? La vieille académicienne aveugle mais claivoyante, Jacqueline de Romilly, par exemple : encore un dinosaure! Et comme bientôt il sera interdit d'étudier le grec-comme au Moyen-âge, on n'aura plus à faire le lien avec le fait que la démocratie athénienne a condamné Socrate à mort!

Une dernière remarque plus actuelle: dans le collège nommé précédemment, j'organisais chaque année une virée d'une semaine dans le Tarn, spéléo, canoë, randonnées etc, juste pour le plaisir et pendant mes vacances; c'était devenu un rituel qu'adoraient mes classes de 3è; les projets pédagogiques sont arrivés: j'ai refusé que cela s'intègre dans ce genre de sauce, et administration, profs jaloux et parents aigris ont voté la cessation d'une pratique aussi honteuse (car non encadrée par le ministère); grève d'une journée des élèves-sans résultat-et je jure que je ne l'avais pas fomentée; le mois suivant, je me présentais dans le privé-où ce n'est pas mieux! (voilà qui montre bien que les projets collectifs ne sont admis que dans le cadre officiel, s'ils sont dirigés!)

Je joins quelques liens et documents.(...) Je crois qu'il faut faire circuler tout cela. Quand j'en parle aux parents dans les réunions ou individuellement, ils prêtent l'oreille, mais ils sont vite repris en main par les associations-ou ils se fichent des associations de parents, et je les comprends, la vie est courte pour perdre son temps à rentrer dans de tels machins.A bientôt. Alain

 

"cerf-volant collectif"(1999) (pour vérifier que les exemples sont légion-mais chacun de nous en voit autour de soi):

(X) a écrit : nous voudrions bâtir un projet pédagogique au collège autour du thème du cerf volant. Pouvez-vous me donner des pistes de recherches ou d'activités pour les maths, le français ou toute autre matière. Je cherche notamment des titres de livres pour enfants ou adultes où le cerf volant jouerait un rôle. Merci

 

Ne soyons pas chiens: J'ai apporté une modeste contribution à ce projet ambitieux, car je sais aussi voir où sont mes lacunes:

Il y a un cerf volant (ou plusieurs, vérifier) dans Tintin au Tibet, de Hergé ; peut-être un peu dur en collège, mais faisable en second cycle...Voir aussi Blake et Mortimer, les trois formules du professeur Sato, de Jacobs (peut-être plutôt pour poursuivre le projet en 1è?)

Cette utile contribution fut suivie de e celle d'un autre collègue: vous voyez que nous aussi, on sait faire de la pluri- ou interdisciplinarité, et qu'on se serre les coudes dans les projets collectifs: vive l'"équipe pédagogique" (mon avant-dernier directeur disait toujours doctement :"un prof seul, désormais, est un prof mort":

Nous, l'an dernier on a bâti un projet pédagogique sur le thème de Jeanne d'Arc et la combustion. A partir de là, nous avons développé des pistes de recherches et d'activités pour le cours d'histoire, le cours de physique-chimie, par une pédagogie de contrat qui nous a permis d'atteindre un objectif de socialisation des parcours diversifiés. Le rançais s'intégra dans le cadre du projet personnel de l'élève, par un recueil de nouvelles sur le thème du mouton dans la littérature. Ce qui permit une éducation à la citoyenneté.L'évaluation du travail fut > traitée en techno par une initiation au tableur, tandis que le prof de math traitait de la proportionnalité. Cette année nous comptons améliorer le projet en intégrant le multimedia. Bon courage !

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2)Chez les profs: le "travail en équipe" et les évaluationst

A propos d’évaluations collectives et de travail en équipe du côté des profs : Ma réponse à quelqu’un qui s’interrogeait sur le côté " fanatique " du travail en équipe " proposé( ?) " pour " faciliter " les corrections de brevet blanc. Prolongement sur le thème de l’ " évaluation " : (1998-9)

 

Il y a trop de "fanatiques" du travail en équipe, merci d'avoir employé le terme juste. Personnellement, j'ai souvent corrigé des brevets blancs, et cela ne m'a pas tué, d'autant qu'on peut très bien considérer que les notes obtenues prennent la place d'autres devoirs surveillés ou non qu'on aurait dû corriger tout de même s'il n'y avait pas eu ces brevets blancs ; si bien que la règle était généralement qu'on échangeait les copies, mais que chacun corrigeait autant de devoirs qu'il avait d'élèves de troisième; enseignant maintenant souvent en première, j'éprouve beaucoup plus de hantise face aux copies de cette classe avec un minimum de 35 élèves(surtout vu les questionnaires en jargon abracadabrant qui entraînent des réponses du même type, dans le même jargon, "autour du texte argumentatif"). En tous les cas, je ne vois pas au nom de quoi- sinon de cette éternelle " équipe pédagogique " si disparate et hétérogène (les termes sont devenus positifs avec les réformes)- an nom de quoi donc ce type de correction deviendrait obligatoire, sinon pour "socialiser" les profs comme on veut "socialiser" les élèves, afin que tous participent- et surtout les récalcitrants- au baratin des réformes.

Quant aux évaluations, les "fanatiques de l'équipe" s'en réjouissent peut-être, mais chaque année depuis plus de dix ans on cherche à nous les imposer: corrections lancinantes, questions sans intérêt sauf pour forcer les gens à pratiquer les nouveaux jargons du genre "déictisation, focalisation zéro, conditions d'énonciation du discours, schéma actanciel, narratologie", et autres fadaises qu'on impose dès la sixième alors qu'on voit maintenant en première ou terminale des élèves majoritairement incapables de citer la nature d'une proposition ou de conjuguer un verbe- ce qui serait pourtant bien utile en langues vivantes- sans parler bien sûr des obsolètes latin et grec; bien sûr, dans ces évaluations, un temps fou passé à comprendre les codifications à saisir sur des logiciels assez inquiétants quant à ce que deviendra la liberté d'enseignement, et fort mystérieux quant à leurs conclusions.

On parle maintenant de généraliser ces évaluations dans tous les niveaux ! Personnellement, j'ai toujours évalué mes élèves en début d'année, mais " comme un grand " ; par exemple, cette année, en seconde, puisqu'on en est encore libre, j'ai fait ma propre évaluation, en utilisant des questions d'il y a 8-10 ans dans un autre bahut, et même (horreur!) des questions que j'avais trouvées moi-même! Je préfère continuer à ne pas plier devant les directives envahissantes.

Cela dit, j'ai aussi travaillé en équipe et je le fais encore : mais avec qui je veux et quand je veux: j'ai déja traduit du latin avec mes élèves de terminale la démonstration de la théorie des séries de Pascal (il l'avait faite en latin) quand le prof de maths la traitait en maths; je travaille souvent avec des profs d'allemand pour voir ce qu'ils aimeraient voir traiter en grammaire française (même si cela devient un peu dissident, car non-linguistique), il peut m'arriver d 'illustrer un cours de latin ou de grec d'exemples allemands; mais je me refuse à l'équipe pour l'équipe, à la pluridisciplinarité pour la pluridisciplinarité: cela ressemble actuellement trop à des moyens de faire travailler les profs dans des matières où ils ne sont pas compétents, de manière peut-être à leur faire faire de plus en plus n'importe quoi au nom du bien des élèves, qui le paient de plus en plus dans leurs résultats.

Bref, ne soyons pas fanatiques, et méfions nous des ordres quand ils visent à nous faire prendre un pli! Surtout pour des brevets blancs, revenons-y, qui inquiètent peut-être un peu les élèves encore sérieux, mais qui font bien rire ceux qui ont compris le rôle du contrôle continu: chaque année je m'amuse à calculer les pourcentages de reçus s'il n'y avait que le brevet -blanc ou vrai (autrefois inférieur à un niveau moyen de 3ème : sans contrôle continu, on frise les 50%; je me souviens de ma dernière correction de brevet où la directrice du centre de correction m'avait intimé l'ordre de corriger au crayon noir, et n'avait cessé sa démarche que lorsque je lui avais demandé un ordre écrit!(dans le 94)

Alors, nous avons bien le droit de rester un peu critiques face à ces entreprises, qui, comme les questionnaires pour profs ou pour élèves, servent surtout, quand on les dépouille, à découvrir avec une surprise ravie qu'il faut encore aller plus loin dans les réformes!


14/02/05 Un instituteur faisant circuler un texte contre la réduction des horaires de français en primaire s'est fait regarder de travers par un syndicaliste sourcilleux et soucieux du pédagogiquement correct ; il ose répondre à ce "cher collègue". Il ose en effet prétendre qu'on pourrait et devrait enseigner la langue française autrement qu'en passant, de manière "transversale! Pouah, l'hérétique! ...Du quotidien comme nous en vivons tous quand nous osons nous exprimer dans une salle de profs.On ne peut que féliciter ceux qui s'expriment encore face à la langue de bois.


 

3/2/2011 : "Production collective de conte" , je reviens au sujet du début de la page. Rattrapé par le goulag !

J' ai, au début de cette page , il y a dix ans, abondamment parlé des travaux collectifs que j'avais vus apparaître dans les années 85-90 au collège où je travaillais alors, puis de leurs clones ultérieurs.

Me voici rattrapé par eux, après les avoir combattus depuis 25 ans ! Je suis tardif père de deux enfants de 9 et 10 ans, au CM1 et CM2. Quel est le "projet de classe" au CM2, pour ma fille ? La "production collective" d'un conte ! Chacun donne son avis après les suggestions du maître (sur le personnage principal et son portrait, chacun fait sa suggestion originale - c'est-à-dire directement issue de la pub et de la télé : le héros aime les pantalons slim, il fait du skate, il a des slips ornés de cœurs etc). Le maître réécrit tout cela ("mise en commun"), puis on écrira "collectivement, en multiples "séquences", les aventures du héros ; à noter qu'après la réécriture par le maître, plus une seule faute d'orthographe d'élève (sauf les siennes)- ma fille était incapable de réécrire dix lignes du texte sans faire une vingtaine de fautes alors que cela avait été écrit "par les élèves" , et l'on s'achemine vers un texte de conte qui permettra (programme oblige) de découvrir la situation d'énonciation, le schéma narratif (ça commence par le début-"situation initiale"-, il se passe quelque chose -"élément déclencheur et péripéties", et à la fin c'est fini -"résolution et situation finale"), et la différence entre les valeurs de l'imparfait et du passé simple -qu'on rabache depuis deux ans, en n'ayant commencé l'apprentissage réel de la conjugaison du passé simple qu'il y a une semaine.

Bon, jusque là, rien de très neuf : tapons sur Google quelques mots-clés du genre "production collective de conte", ou "écriture d'un conte en primaire", et nous tomberons sur des centaines de rapports d'IUFM, de conseils de spécialistes, et de modes d'emploi tout faits pour faire faire aux élèves des contes tout faits. Du prémâché pour les maîtres, puis pour les élèves, le tout présenté comme spontané et original. (Ce genre de travail sur le conte, puisque rabâché sur Internet par les sites officiels, est aussi bien fait en 5è et je l'ai vu pratiquer en seconde : jusqu'à l'écœurement pour certains élèves)

Première mouture : une horreur vulgaire, grotesque, hideuse : de quoi dégoûter quiconque de l'idée de conte . Normal, si on les "produit" avant d'en avoir lu de vrais !

Mais cela va un peu plus loin : délégué au conseil d'école comme parent, j'entends exposer que le conte sera rédigé par les enfants et le héros sera "une personne âgée". D'où l'idée de faire visiter aux enfants (avec goûter sur place) la maison de retraite locale. Sympa, non ? (encore une après-midi sans cours...) L'animatrice du CLAE local expose ce projet humanitaire en se tortillant d'aise, le public (élus locaux, délégués, maîtres, etc) applaudit au côté "intergénérationnel", terme qui, comme l'"interdisciplinarité" ou l'enseignement "spiralaire", ne peut être que positif. On prévoit que , pour faire mieux (ou pour une bonne inspection du directeur), cela débouchera sur un spectacle théâtral, la "production d'un livre", qui seront organisés par le CLAE après les cours jusqu'à 18 heures. Murmures d'approbation (et les rythmes scolaires excessifs ? on n'en parle plus...) . Je suis le seul à demander si ce supplément sera obligatoire, et combien de temps tout cela prendra sur les cours... Je n'en dis pas plus, c'est déjà de l'hérésie...

Mais cela va encore plus loin !... Car l'originalité du "projet" est que , parallèlement (quel matraquage !), en accord préalable avec le directeur-maître de CM2, une autre animatrice - cette fois à la maison de retraite- va organiser pour les vieillards une "production collective de conte" où ils évoqueront un héros qui, cette fois, sera un jeune! Génial! Murmures encore plus approbateurs dans le conseil d'école : c'est doublement "intergénérationnel" ! Dans ma solitude et devant cet enfer pavé de bonnes intentions, je ne puis que la fermer, tellement l'enthousiasme (collectif) est puissant. Du reste, le débat est clos avant qu'il y en ait : le maître du CM2 , et l'animatrice du CLAE, affirment que les enfants sont "emballés" par "leur" projet, et l'on nous dit que les "personnes âgées" aussi, aux dires de leur propre animatrice. Pour ces derniers, je ne sais (surtout qu'on les traite comme un groupe unanime, ils ont déjà perdu le droit à l'individualité) ,mais côté enfants, aux dires de ma fille, ce n'est pas l'enthousiasme : il font ce qu'on leur dit, c'est tout : on est à l'école...

A la fin de l'année(et dire qu'on rétrécira les vacances pour en faire un peu plus dans le genre) , il y aura donc plusieurs journées de spectacles, de ventes des œuvres collectives des vieux et des jeunes, de congratulations des bobos et babas qui applaudiront à ce qu'ils auraient honni dans l'école catholique d'il y a un siècle : le béni oui-oui et les bonnes œuvres régneront pour la grande autosatisfaction des acteurs sociaux. Pauvres gosses! Pauvres vieux!

Bref : J'ai commencé par me battre comme enseignant contre le côté totalitaire des "travaux collectifs" , je le retrouve comme parent, imposé à mes enfants, et enfin, si par hasard je deviens déficient sur mes vieux jours, on viendra forcer le vieillard que je serai devenu à faire de la "production collective de conte", et on ira raconter que le "petit vieux" est bien content, ça lui plaît vraiment !... C'est honteux!

 

 

 

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