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On peut encore s'accrocher, pas pour le bout de gras, mais contre Big Brother...Le métier contre le "pédagogisme".

Une collègue instit -et mère - m'écrivait sur un forum:" Euh ?? Et vous n'avez jamais décidé de faire un autre métier ??? Moi, ça fait longtemps que j'aurais déserté... Parfois, mais je suis très naïve, j'aimerais qu'on se réunisse tous autour d'une grande table..."

Ben oui, on s'accroche...

 

J'ai relu tous tes messages (c'est bien, la recherche par auteurs), mère et prof en même temps, c'est dur et bien; je serai bientôt père, et je me demande si je ne serai pas inconscient de confier ma progéniture tardive à la machine ; pourtant, toi, moi, bien d'autres, on aime notre boulot, on se décarcasse, et si on continue, ce n'est pas nécessairement à cause du chômage, c'est peut-être aussi pour éviter big brother aux gamins, les aider à en sortir et à penser tout seuls, comme nos vieux instits d'autrefois ; quant à la "grande table", elle est déjà occupée par ceux qui nous mijotent des colloques et des consultations depuis vingt ans , et qui ont déjà décidé où est le bien, et déduisent leurs vérités de nos réponses! Que nous sommes petits sur ce forum !
Coup de chapeau en passant aux instits résistants (mon père l'a été), car souvent je vois des gamins de CM1-CM2 qui savent ce que nos élèves de 3è ou de Terminale ont oublié sous les coups de boutoir des maniaques de la linguistique et de la narratologie : l'un de ces technocrates, en IUFM, a un jour fièrement annoncé à l'un de mes collègues en stage que: "enfin l'enseignement du français, ils l'avaient circonvenu": terminologie bien militaire...J'ai aussi vu une vieille instit, en fin de carrière, dernière année, recevoir le cadeau réconfortant d'une inspection désastreuse, avec rapport durissime, car elle "traumatisait" les élèves, qui, normalement, à leur âge, en CE2, n'auraient pas dû être en mesure de procéder à des lectures non préparées: comme ils cherchaient des livres à la biblithèque, ou en rendaient, c'était anormal, elle devait être un dragon ; heureusement pour elle, elle avait des générations d'enfants devenus adultes qui venaient dans son village la remercier; c'est notre cas à tous: les élèves qui reviennent, ou remercient, parfois même deviennent des amis, beaucoup plus tard, sont une belle consolation : mieux vaut ne pas s'aplatir et être privé de promotion, et, bien qu'étant relégué à l'ancienneté pour crime de non-servilité, recevoir de tels hommages ! C'est ce qu'en un de tes messages, tu appelais motiver les élèves, je pense; mais ça, ça n'est pas dans les recettes des sciences de l'éducation, parce qu'il ne s'agit pas de recettes! (Moi aussi, je suis très naïf)

 

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Malgré la violence, reste l'humour...

Une autre collègue, autour du thème "la violence dans le primaire" (eh oui, le pédocentrisme porte ses fruits) écrivait ceci:

(appelons-la "moineau", elle se reconnaîtra) a écrit : J'enseigne en Zep à titre provisoire (2ème année sur le terrain.) Cette année, j'ai été insultée et agressée par deux enfants violents. Nous lui fîmes cette docte réponse:

Je pense que tu dois faire un retour sur toi-même, et te repentir un peu de la colonisation et de l'esclavagisme dont la France a été coupable voici un siècle; n'y aurait-il pas du racisme de ta part à ne pas aimer recevoir quelques coups et insultes? Par ailleurs, ne peut-on comprendre la haine de l'apprenant à l'égard de tout ce savoir qu'impose l'enseignant du haut de sa tour d'ivoire, cet enseignant privilégié, bourgeois et raciste, qui, au nom de sa supériorité, oublie qu'il est payé pour enseigner désormais la "citoyenneté", et "socialiser" l'enfant D'autre part, ne cherches -tu pas à reproduire inconsciemment tes propres schémas et modèles préétablis en te souciant davantage de l'apprenant qui réciterait sa poésie si l'apprenant violent ne te démontrait pas la fausseté bourgeoise de ta démarche?

Après tout, alors que tu cherches à le faire lire et écrire, vas-tu refuser à l'apprenant qui s'exprime violemment le droit de s'exprimer à sa façon, alors que nous n'avons pas à juger autrui? J'ai bien peur, ma sœur, que tu n'approches de l'hérésie, et que tu ne sois en train de commencer à suspecter nos évêques et inquisiteurs de chercher à se conserver pour eux le gros fromage ! 2e année sur le terrain? Mais que t'a appris l'IUFM? Je pense qu'un reconditionnement s'impose: tu n'es peut-être pas encore incurable... Moi, dix fois plus d'années sur le terrain: tout juste bon à bosser cinq ans de plus que prévu pour les retraites, mais à condition de me considérer comme dépassé!

Tout ça pour dire que le vocabulaire hypocrite des nouveaux tartuffes est le même que du temps de Molière, et qu'on peut aisément l'imiter. Relisons Dom Juan (V,2) : "On lie, a force de grimaces, une société étroite avec tous les gens du parti. Qui en choque un se les jette tous sur les bras; et ceux que l'on sait même agir de bonne foi là-dessus, et que chacun connaît pour être véritablement touchés, ceux-là, dis-je, sont toujours les dupes des autres; ils donnent hautement dans le panneau des grimaciers, et appuient aveuglément les singes de leurs actions." etc... Toute la tirade est merveilleuse; elle visait les faux dévôts au 17è, elle concerne parfaitement maintenant les pédagogistes, humanitaires, socio-cul, et autres qui préfèrent leurs théories et leurs clans aux enfants et aux hommes. Bon courage!

Sa réponse fut sur le même ton, et tant qu'on peut encore éclater de rire devant les "pédagogistes", rien n'est perdu (n'oublions pas Pantagruel face à l'escholier du Limosin, "qui contrefaisoit le langaige Françoys": "et bren, bren, dist Pantagruel! Qu'est-ce que veut dire ce fol? Je croys qu'il nous forge icy quelque langaige diabolique, et qu'il nous cherme comme enchanteur":

J'avoue, j'avoue ... Et j'ai moultement honte de moué !!!(...)
Tu as raison ... Moi aussi, du reste, je les détestais les profs !!! J'aurais peut être du taper dessus moi aussi ??? Mais en fait, je ne savais pas que c'était permis ... C'est bête , hein ? Si j'avais su, je me serais peut être défoulée moi aussi ... (...)
C'est encore vrai ... C'est trop injuste (voix de Caliméro) d'interdire aux élèves le langage par geste ... Quand il ne veut pas utiliser le langage saussurien ...
Ben , en fait à l'IUFM, on a fait des pingouins en carton et un dessous de plat en terre ... C'est insuffisant ???(...)

 

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Parfois des collègues ont le blues (message de mars2000)

(...)Malgré tout, je ris jaune. Toutes ces magouilles gouvernementales me donnent la nausée. Vous savez, là où je suis, je vois tous les jours les dégâts causés par Meirieu et sa clique de sociologues à la manque. Dans mes classes, je n'ai guère plus de cinq élèves qui atteignent péniblement la moyenne. Les gosses sont largués. Ils n'ont aucune base grammaticale, aucune aide à la maison, aucune perspective d'avenir. On continue de nous encourager à ne surtout pas faire de grammaire, à liiiire et à utiliser la démarche inductive avec des enfants qui n'ont pas la moindre notion de ce qu'est la culture et dont les familles n'ont pas plus de 150 mots de vocabulaire.

Je dis cela sans mépris, mais parce que c'est une réalité et que les jeunes que j'ai en face de moi ne savent pas construire ne serait-ce qu'une phrase. Ils ne savent répondre que de façon lapidaire, par bribes de GN. Et chaque jour je me bats pour les forcer à travailler, pour ne pas céder aux pressions de la direction qui voudrait que je revoie mes exigences à la baisse et que je remonte artificiellement les notes. Je fais deux heures de soutien gratos par semaine (hors de question que je les déclare : je refuse de soutenir une politique qui encourage l'augmentation de la DGS en ce qui concerne les HSE, au détriment des heures de service normales et donc de la création de poste) tant mes élèves sont faibles.

Le "collège light", je connais et je suis écoeurée de voir comment on sacrifie des générations entières de mômes, en essayant, ironie tragique ou cynisme extrème, de faire passer cette braderie pour une lutte contre l'américanisation du système ! Aujourd'hui, j'ai appris que Lang prendrait vraisemblablement Le Gros dans son ministère, comme en 1992 ; que les fédérations de parents d'élèves (dont la majorité appartient aux classes favorisées de la société et sur lesquelles les gosses de ZEP ne peuvent donc absolument pas compter pour défendre leurs intérêts) ont lâché la grève parce qu'elles reçoivent des subventions de l'état qu'elles étaient menacées de perdre si elles continuaient à soutenir les profs ; que dans mon académie, le prochain plan du recteur prévoit la réunion de plusieurs établissements en un dans plusieurs secteurs (d'où suppressions de postes, "spécialisation" des bahuts et déterminisme agravé des élèves) et l'exploitation à volonté de tous les profs, à poste fixe ou non, transformés en enseignants bivalents, corvéables à merci, envoyés ici ou là en fonction des besoins de l'académie ; que les parents d'élèves soutiennent ce plan pour pouvoir augmenter les caisses de leurs associations.

Et les gosses, dans tout ça ? J'en suis malade. Pardonnez ce long e-mail, mais la désinvolture avec laquelle la presse traite le marasme dans lequel nous nous enfonçons me révolte.

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D'autres profs s'indignent contre la situation et la désinformation : témoin cette déclaration en février, du plus profond de la Corrèze, dont copie avait été envoyée à un rédacteur du "Monde":

Vous avez reçu un courrier d'une collègue professeur de l'Ardèche. Je vous confirme le mécontentement des professeurs et des instituteurs. Je suis moi-même professeur dans un petit collège de Corrèze (Meymac), où il ne se passe rien de spécial. Nous n'en pouvons plus d'être empêchés de travailler par des injonctions stupides tendant à nous faire comprendre que nous sommes autorisés à donner nos minables cours lamentables quand il n'y a rien de mieux à faire : ni débat sur la violence, le Sida ou la distribution de riz en Afrique, ni visite des anciens de seconde, ni balade dans les entreprises, ni voyages ou sorties aux objectifs le plus éloignés possible de l'instruction et de l'accès à la connaissance.

Ayant tous fait des études longues et étant quelque part des intellectuels, nous aspirons à transmettre ce que nous savons et ce que nous découvrons au travers de notre réflexion, de nos lectures incessantes... nous sommes en un mot un corps enseignant de qualité. Le gouvernement l'a bien compris qui s'attaque désormais au CAPES et aux études des futurs professeurs, afin d'attaquer l'école à la base : le niveau de ceux qui enseignent, dans le but non masqué de supprimer l'enseignement et donc l'accès à tous les jeunes Français qui le demandent à une culture de haut vol.

Aux Etats-Unis, si vous entrez dans la maison d'un enseignant, vous serez frappé par l'absence des livres. En France, nos dirigeants, veulent en arriver là. Alors, journalistes, il faut nous aider en refusant le discours dominant, en dénonçant la suspicion calculée dont nous autres professeurs sommes victimes !

J'ai trois enfants à l'école primaire. Savez-vous ce qui se passe à l'école primaire ? Les tables de multiplication ne sont plus abordées avant le CM. L'an prochain, l'exercice de la division disparaît pour n'être plus enseigné qu'au collège. Seuls les temps de l'indicatif voix active sont enseignés en CM. L'exercice de la rédaction a disparu. Le travail écrit à la maison est interdit... ETC ! Personne ne peut vouloir cela pour ses enfants : ce n'est plus d'échec scolaire subi qu'il s'agit, mais d'échec scolaire programmé et voulu... c'est la création d'un peuple analphabète et stupide qui nous pend au nez... Oh, pour mes propres enfants, je ne me fais pas de souci ! Mon aîné fait du travail en plus chaque semaine à la maison, il pratique en dehors de l'école diverses disciplines sportives et artistiques... Le suivant connaîtra le même traitement... Non ! C'est pour mes élèves que je m'inquiète ! Leurs parents modestes pour la plupart (la Corrèze est pauvre) nous font confiance ! Comme ils ont tort ! Cette année, en Cinquième, j'ai réappris à lire à un élève, à écrire à un autre, tandis qu'avec le reste de la classe, j'essaie de faire passer les principes les plus vitaux de l'orthographe, ceux qui sont nécessaires pour que leurs écrits aient du sens ! Pourquoi en suis-je réduite à ce niveau ? Parce que toute ma classe est composeé d'abrutis ? Certes non mais parce qu'ils sont des enfants de la loi de 1989 et n'ont connu que l'école au rabais depuis le CP, ont servi de cobayes à toutes les expériences ! On s'indigne face à la vivisection ! Quand va-t-on faire comprendre aux Français que leurs enfants sont les nouveaux rats de laboratoire d'une bande de pédagos en col blanc, qui travaillent, tels un Philippe Meirieu ou un Foucambert, à leur perte (j'espère inconsciemment, par incompétence et non par réelle volonté de détruire)! Si le pot aux roses étaient révélé par les médias, ce serait la révolution ! (Parce que les Français tiennent à leur école à la Ferry).

Est-ce cela qui vous fait peur, messieurs les journalistes ?

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Ceux qui ont intérêt à "réorienter" le métier...Les lobbies de l'édition, par exemple:(juin 99) (J'avais reçu les specimens d'auteurs au programme par les éditeurs avant la publication du programme)

Je m'étonne d'avoir reçu des spécimens de Beaumarchais (Mariage de Figaro) , chez Garnier Flammarion, avec l'exposé des programmes de français l'an prochain, alors que rien n'est encore parvenu par l'administration sur les mêmes programmes; la même chose m'était arrivée- mais oralement -il y a quelques années pour le latin, lorsque le vendeur au rayon scolaire de chez Hatier m'avait annoncé Virgile au programme alors que les inspecteurs au même moment n' en savaient (officiellement du moins) rien. Je sais que c'est de la parano de ma part, et donc je vais aller me soigner, mais il faudrait prendre garde que des gens moins malades que moi pourraient croire à l'existence d'un lobby commercial qui nous distribuerait ainsi les nouveautés pédagogiques ou au programme, à des fins purement mercantiles! Il n'en est rien ,bien sûr, mais de tels impairs risqueraient de déconsidérer l'école!

Sur le même thème (juin 99) (programmes nous arrivant en retard sur les éditeurs):

Je vois qu'un collègue se plaint pour lui et les élèves d'un grand vide en ce qui concerne les Terminales lettres. Qu'en est-il? Je continue à m'interroger sur le côté infantilisant pour tous de la situation, voire sur son but; si ce n'est pas voulu, quelle négligence de la part de ceux qui n'ont en haut que "démarche de projet" à la bouche! si c'est voulu, est-ce mépris, ou volonté de maintenir la préparation personnelle d'un prof en infériorité par rapport au flot d'opuscules de bachotage qui auront fleuri dans l'intervalle?

C'est vrai que nos responsables pourront ensuite aisément flirter avec les arguments démagogiques en montrant que nous ne préparons pas nos cours, que nous avons donc trop de vacances, et imposer au dernier moment des exemples et projets de méthodes tout faits pour ceux qui seront un peu déboussolés à l'idée d'improviser.

(voir ce qui était conseillé sur la partie cinématographique en TL l'an dernier, où il était expliqué au BO que le prof n'avait pas à s'inquiéter pour parler de cinéma, qu'aucune connaissance particulière du cinéma n'était requise (suivait cependant une bonne nomenclature bien longue de termes conseillés, et la consolation à espérer d'un topo tout fait sur l'œuvre en question- peut-être pour tester, ou encourager notre suivisme), et qu'il suffisait d'appliquer à une œuvre cinématographique les principes de la "narratologie" qui avaient fait leurs preuves pour la littérature (et sont devenus quasi obligatoires par delà toute autre forme de compréhension au collège et au bac).

 

On m'avait demandé:

Pourquoi ces guillemets autour de narratologie ?

Réponse:

Aucun mépris pour la discipline en elle-même si elle reste à sa place, une parmi d'autres; de la défiance si l'on considère qu' un enseignant ignare en cinéma (il en existe et ce n'est pas une honte, on peut s'intéresser à d'autres domaines et n'avoir pas non plus été formé à celui-là), donc qu'un enseignant ignare en cinéma mais pourvu de la "narratologie" appliquée à un seul film au programme, sera plus au point pour initier les élèves au cinéma qu'un cinéphile averti ne disposant "que" de sa connaissance du sujet.

Mes guillemets avaient donc le sens (j'ai l'impression de répondre à un sujet de bac, l'an dernier les corrigés académiques nous parlaient de "clignotants" pour la même question) le sens, donc, de suggérer qu'il semblerait que l'on veuille enseigner, non le cinéma, mais la "narratologie", avec de telles directives; dans ce cas, il faudrait le dire plus clairement, afin que soit bien nette la volonté sectaire d'induire un regard unique- et je trouve, assez formel et limité-sur les œuvres étudiées. J'ai appris jadis que plusieurs formes de critiques littéraires ou autres pouvaient se compléter; on ne disait pas encore qu'il n'y en avait qu'une

Une provocation pour finir : la narratologie va-t-elle devenir une scientologie? Je parle de l'utilisation qu'on tient à en faire dans les programmes; et je précise que d'éminents narratologues sont des romanciers que j'adore.


Une bouffée d'air pur et quelques encouragements à l'insoumission pour des profs trop souvent frileux ou soumis (début 2002, sur Sauver les lettres)


14/02/05 Un instituteur faisant circuler un texte contre la réduction des horaires de français en primaire s'est fait regarder de travers par un syndicaliste sourcilleux et soucieux du pédagogiquement correct ; il ose répondre à ce "cher collègue". Il ose en effet prétendre qu'on pourrait et devrait enseigner la langue française autrement qu'en passant, de manière "transversale"! Pouah, l'hérétique! ...Du quotidien comme nous en vivons tous quand nous osons nous exprimer dans une salle de profs.On ne peut que féliciter ceux qui s'expriment encore face à la langue de bois.


Sur le procès peu ou prou stalinien dans les méthodes que j'ai subi moi-même quelques mois après, il y a 5 ans, avant le ras-le-bol et la retraite : comment virer ceux qui veulent encore enseigner à l'école, au collège, ou au lycée.

11/3/2010 : Je vais enfin vous avouer la vérité: tout ce site, je l'ai fabriqué de toutes pièces il y a dix ans pour me venger bassement de ce que l'on me ferait 10 ans plus tard !

AUTOCRITIQUE A LA SAUCE SOVIETIQUE OU CHINOISE :

Au fait, depuis dix ans que je tiens ce site, ne vous avais-je pas, hypocritement, caché que j'étais un prof raté ? Certes, j'étais passé dans les rapports officiels de "très bon professeur" à excellent", puis à "exceptionnel" , dans les divers établissements (collèges et lycées, privés et publics) où j'avais enseigné depuis plus de trente ans, et j'avais eu bien des retours favorables de nombre de parents et d'élèves qui me joignent encore sur le net, mais ce n'était que de l'illusionnisme ! (voir par exemple la lettre qui m'a été envoyée par le censeur du lycée où j'exerçais l'année précédente).

Si vous voulez vous reporter quelques années en arrière (4/12/2005 sur cette page), vous verrez qu'en réalité, à la suite de l' histoire mentionnée alors , je suis officiellement devenu "honorable" (juste au dessus de "mauvais") à la suite d'une inspection réclamée par des collègues (pas de mon syndicat...), des parents d'élèves (parfois les mêmes que les précédents et les suivants) , et des parents de délégués d'élèves meneurs et casseurs de classe -j'avais par exemple mis dans le casier de salle des profs de la maman la paire de ciseaux pointus que son fils avait lancée à travers la classe, puis refusé de laisser ce jeune homme faire la loi dans une classe de 5è qui était à la botte de ce fils chéri de notables), et une direction anxieuse de se dédouaner, carrière et mutations obligent. La classe en question, plusieurs jours avant cette inspection et pendant icelle, se réjouissait sans se cacher de mon exécution attendue et programmée, on se poussait du coude en ricanant. Il est donc honnête de ma part de vous avouer mon niveau en publiant ici mon dernier rapport d'inspection (page1) (page2) avant ma retraite, prise l'année suivante une fois que j'avais eu le loisir de démontrer que mes élèves n'étaient pas en perdition, du moins pas plus que ceux des classes parallèles ; avouons cependant que leurs profs de l'année suivante , les mêmes qui me conseillaient comme l'inspecteur de "changer de comportement", ont compris leur douleur . Il est vrai alors que la principale m'avait dit son malheur de ne pas parvenir à me remplacer ; je lui avais rétorqué qu'on ne peut à la fois chercher à se débarrassser d'un gêneur et lui dire ensuite qu'on ne peut le remplacer en réclamant son retour ; d'ailleurs, l'ANPE a assuré, au bout de deux mois: une licenciée de philo a ainsi pu découvrir l'enseignement du français, apprendre le latin en même temps que les élèves ; un devoir par classe et par trimestre au lieu de dix, une moyenne de 13 à tout le monde, et satisfaction totale des parents qui n'ont plus rien trouvé à redire : fallait-il que je sois nul pour ne pas lui avoir été au niveau de la cheville, et avoir ainsi troublé, comme disait l'inspecteur, la vie de ce petit collège tranquille de campagne !

Je joins cependant, pour vous montrer quels vils complices m'ont encouragé dans le vice, les rapports élogieux et donc coupables que trois chefs d'établissement m'avaient rédigés en 1982, 1983, et 2004 dans les trois établissements (deux lycées et un collège) où j' avais sévi avant de rencontrer le pédagogisme de l'Académie de Toulouse. Retraités eux-mêmes ou décédés, ils ne comptent plus pour les apparatchiks de l'Éducation nationale . Les Khmers rouges et Meirieuistes de tout poil ne pourront plus avoir leur peau. Inutile de dire que leurs TB ont disparu de ma dernière feuille de notation administrative, tellement ma dernière principale craignait de se démarquer de la hiérarchie (il faut dire aussi qu'au moment des événements cités, ainsi que lors de l'inspection, aucun des éléments de mon dossier n'était entre les mainsni de la principale, ni de l'inspecteur, et qu'ils n' en ont pas plus disposé pendant le reste de l'année : normal, n'étant là que depuis un an, je ne pouvais déjà exister pour la bureaucratie !

Bonne chance aux successeurs s'ils ne sont pas reptiliens ! Ne comptez pas trop sur la reconnaissance de l'EN si vous vous êtes fatigués au boulot, même par goût ou par passion !


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